« Sept scénarios d’adaptation envisageables »
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Émilie Rannou, responsable conseil et approvisionnement à La Coopération agricole, et Jean-Albert Massenet, associé au sein du cabinet de conseil Groupe Triangle, livrent les conclusions de leurs travaux prospectifs sur l’après-séparation, qui a donné lieu à l’édition d’un guide (1).
Pourquoi ce guide, alors qu’une partie des textes est encore en discussion ?
Émilie Rannou : Nous voulions malgré tout pouvoir avancer, et donner des pistes de réflexion aux coopératives, car l’échéance du 1er janvier 2021 est proche. Huit d’entre elles ont participé à nos travaux : Agora, Axéréal, Cérèsia, Dijon céréales, Qualisol, Scara, Triskalia et Val de Gascogne. Les textes d’application restent néanmoins importants pour finaliser les décisions et sont très attendus.
Jean-Albert Massenet : Le guide redonne le cadre réglementaire, présente des scénarios d’adaptation envisageables, avec les points de vigilance à avoir, ainsi qu’un outil paramétrable et personnalisable pour les tester, ou construire un scénario particulier, en fonction de la situation de la coopérative.
Quels sont les scénarios que vous avez envisagés ?
J.-A. M. : Il y en a sept : trois en cas de choix du conseil aux produits phytosanitaires, trois pour la vente et un scénario pour les coopératives miroirs. Pour chaque décision, vente ou conseil, nous avons envisagé les liens entre les acteurs, avec un gradient. Soit la coop se concentre sur son choix sans se préoccuper du ou des acteurs qui vont fournir le reste aux adhérents, soit elle passe un partenariat contractuel, type accord-cadre, avec la ou les structures. La troisième possibilité, c’est que ce partenariat se formalise par une alliance capitalistique, dans le respect des limites de la réglementation. Certains de ces scénarios ont ensuite été découpés en plusieurs options. Par exemple, nous avons étudié la création d’une plateforme d’e-commerce portée par une union de coopératives dans le cas du choix du conseil. Ou dans le cas de la vente, de la naissance d’une société de conseil qui pourrait être créée par d’anciens salariés compétents en la matière.
Que signifie « coopératives miroirs » ?
E.R. : L’idée, c’est une coopération entre deux coops à l’échelle d’un territoire. L’une choisissant la vente, l’autre le conseil pour les phytos. Ou encore une nouvelle coopérative se crée pour réaliser l’activité non choisie par la coop initialement présente. Sachant que les deux structures peuvent être adhérentes l’une de l’autre pour au maximum 10 %, et qu’elles ne peuvent pas avoir d’élus et de cadres de direction communs.
J.-A. M. : C’est un scénario possible, dont la mise en œuvre peut être délicate, et l’alignement stratégique dans le temps des deux structures est incertain. L’enjeu est aussi au niveau des adhérents : voudront-ils de ce double rattachement ?
Y a-t-il des scénarios plus probables ?
E. R. : Ce guide n’a pas pour objet de dire qu’il vaut mieux aller dans telle direction que dans telle autre. C’est à chaque coop de construire sa propre stratégie. Mais quel que soit le choix, il faut se saisir des enjeux phytos à long terme, avec une politique volontariste. Sinon il y aura une nouvelle réglementation. Les coopératives doivent montrer davantage qu’elles mettent les moyens pour la réduction des phytos.
J.-A. M. : Il n’y a pas un scénario meilleur qu’un autre. Dans tous les cas, la baisse de valeur liée au recul du marché phytos va générer des pertes importantes pour les structures. Tout dépend aussi de l’ADN des coopératives, de leur environnement, leur stratégie… Et on peut imaginer des trajectoires avec plusieurs scénarios, en partant de l’un pour aller vers un autre.
Comment fonctionne le simulateur paramétrable ?
E.R. : Il s’agit d’un outil construit dans Excel, avec une notice d’utilisation et trois onglets. Le premier pour décrire la situation de départ, avec le chiffre d’affaires, la marge brute, les charges, etc. Le deuxième pour déterminer la valeur des paramètres identifiés comme pouvant avoir un impact sur le résultat, selon l’hypothèse du choix de la vente ou du conseil : par exemple, comment va évoluer le marché phytos ? Le taux de marge sur la collecte ? Le développement de services ? Pour la vingtaine de paramètres que nous avons recensés, nous avons joint les analyses de notre groupe de travail. Le dernier onglet permet à l’utilisateur de visualiser le résultat économique simulé de la structure. Celui-ci est assez sensible à l’évolution des différents paramètres.
(1) « Vente et conseil à l’utilisation des produits phytopharmaceutiques – Mise en œuvre de la séparation pour les coopératives agricoles ».
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